Une belle matinée douce qui sent bon le printemps; une certaine douceur dans l’air, un petit quelque chose en plus qui fait qu’on se sent plus léger, sans savoir vraiment pourquoi.
Quelques heures de liberté devant moi avant mes cours. Pas assez de temps pour sauter dans un train et aller voir la mer. Mais envie d’eau tout de même, envie de rivages, d’horizon qui s’étire, et de clapotis (j’adore ce mot, clapotis).
A défaut de sauter dans un train, je saute dans un tram direction Ijburg. J’aime cette île artificielle, la dernière de la série, après Bornéo, KNSM et Java. Un espace en devenir encore, des immeubles qui surgissent de terre les uns après les autres, des polders, des étangs, le vent, des camions géants de chantier, des terrains vagues, et l’Ijsselmeer (la mer intérieure), majestueuse, immense et tranquille.
Je marche sur la digue de béton, le long de l’eau. Pieds nus dans mes Crocs, et mon blouson accroché à mon sac. Il fait vraiment doux. J’ai même ressorti mes lunettes de soleil.
Au loin à l’horizon flotte une brume de chaleur; une péniche glisse et semble voler au dessus du niveau de la mer.
Des canards font la sieste, le bec au chaud dans les plumes, couchés sur les pierres chaudes.
Je marche, la tête vide. Avec l’eau qui clapote sur les cailloux gris. J’arrive au bout; Blijburg, le café hippie, a disparu. Contraint de déménager un peu plus loin, au fur et à mesure que les constructions apparaissent.
Je marche encore, à travers les rues, les quartiers d’habitations, suivant simplement la route. Qui débouche à nouveau sur le rivage. J’aperçois la silhouette familière des bouddhas, assis en tailleur sur leur Algeco. Blijburg a établi ses quartiers ici donc. Et pris ses aises. L’espace est plus grand.
Une caravane des années 50, plantée au milieu de nulle part, avec pour seul compagnon, un lampadaire planté de guiguois.
Une paire de jambes qui bronzent.
Bientôt, les fleurs du printemps et de l’été viendront colorer le lieu; les enfants feront les maçons dans le sable, les chiens gambaderont partout, ivres de liberté et de joie simple, les verres s’entrechoqueront. On refera le monde, inlassablement.