Je n’aime pas trop la neige parce qu’elle complique le quotidien et que je ne peux plus circuler à vélo. Mais…
J’aime comme la neige s’invite en silence, à pas feutrés, d’une légèreté à couper le souffle. Elle se dépose partout sans discernement et embellit tout ce qu’elle touche. Elle nous force à ralentir notre rythme. Les voitures roulent plus lentement, les piétons marchent avec précautions, les cyclistes ont la pédale douce.
Les grands arbres sous ma fenêtre, immobiles, silencieux, accueillent la neige sans broncher ; leurs grands bras maigres s’habillent déjà de blanc.
J’avais coutume de maugréer et pester, et grommeler à l’arrivée de la neige, pour les raisons citées plus haut. Plus moyen de mener mon train habituel. Obligée d’emprunter les trams, se serrer avec les autres, attendre sur les quais glacés…
Puis je me suis rendue compte qu’au désagrément causé par la neige, j’en rajoutais une couche. A chaque fois que je résiste à quelque chose que je ne peux de toutes façons pas changer, je le sens dans mon corps, je sens une fermeture, l’espace se rétrécit.
Alors j’ai arrêté. De résister bêtement à ce genre de situations. Je prends la neige comme elle vient. Avec légèreté. Je ralentis le rythme (mais quel bonheur!), je fais moins (ça fait du bien), j’ai froid aux mains (et alors?), j’attends le tram sur le trottoir gelé (ça me laisse le temps de bien tout observer, et observer, ça reste une de mes occupations favorites), je m’assois avec mes semblables dans ledit tram (mon frère humain, j’aime l’idée que tu es mon semblable), je nourris les oiseaux (j’aime nourrir, …les oiseaux, les humains, les chats, les plantes, ha ! si les pierres pouvaient manger, je les nourrirais…).
Il neige. Tout est silencieux. Tout est à sa place.