J’aime cette piscine. Je suis assise au café qui domine le bassin. Il y a deux niveaux ; au niveau inférieur se trouve un bassin de 25 mètres où s’ébattent pour l’heure de jeunes chiens fous, une armée de teenagers en bermuda à fleurs ; ils font le concours du plongeon le plus éclaboussant.
Deux lignes d’eau ont été réservées pour quelques nageurs qui tentent vainement de se concentrer sur leurs longueurs. Mais ces petits jeunes mettent vraiment le feu. C’est assez amusant de les observer de ma table devant mon karnemelk. Qu’est-ce qu’un karnemelk ? L’équivalent du bon lait ribot breton… j’adore.
J’adore m’asseoir toujours à la même table après mes 1500 mètres. Au même niveau que le café se trouve le bassin d’agrément peuplé de plantes vertes et de toboggans. Le mercredi matin, c’est réservé aux femmes. L’ambiance y est très calme, quelques musulmanes et quelques personnes âgées qui ne dédaignent pas à l’occasion, de se fendre d’une petite glissade sur le toboggan.
De ma table, je peux aussi embrasser le parc avec 2 bassins extérieurs. L’autre jour, j’y ai aperçu un couple de lapins qui vit là en totale liberté. Ce sont des lapins vigoureux, proches du lièvre, avec des cuisses puissantes et musclées. Pas grand chose à voir avec les lapins domestiques au cul mou (je n’ai rien contre les lapins domestiques au cul mou, soit dit en passant, j’ai plutôt quelque chose contre ceux qui les mettent en cage). C’est un pur bonheur de les observer, assis sur leur derrière, les oreilles en bataille, ils regardent les humains barboter, ils s’ébattent dans l’herbe, piquent soudain un 100 mètres, s’arrêtent, se roulent dans l’herbe, leur petit ventre soyeux en l’air, se toilettent un brin. C’est rare de voir ça ; d’ordinaire, on les voit en cage en train de bouger leur petite truffe et ça s’arrête là. Et les documentaires à la télé ne proposent jamais les lapins comme vedette. Et je vous assure, c’est aussi intéressant qu’un lion chassant l’antilope.
Les petites dames qui étaient tout à l’heure dans l’eau à s’essayer au toboggan, sont maintenant attablées derrière moi, elles ont commandé des cafés au lait et des gâteaux et bavardent continûment en néerlandais bien sûr. Elles pètent la forme ces petites vieilles, ça fait plaisir à voir.
Le soleil commence à chauffer, et les adolescents à bermudas fleuris s’ébattent maintenant dans le pré, courent comme des poulains dans l’herbe verte.
Et moi je me sens bien à regarder tout cela, les humains, les lapins, les petites vieilles…