Lâcher prise…

bougieJe me suis assise sur mon coussin de méditation avec le désir de prendre tout mon temps. Ne pas être limitée par une échéance, un cours à donner, un rendez-vous à honorer ou que sais-je d’autre. M’asseoir et laisser venir.
La nuit est profonde. Noire. Le dégel est en marche et fait disparaître la neige sur les toits. La flamme de ma bougie tremble doucement. Tout le monde dort encore dans le quartier. Il est six heures du matin. Pas une lumière. Je ferme les yeux et j’embarque.

Je respire. Ma tête est encombrée d’idées. Je respire. Laisser aller. Le souffle emporte tout. Laisser aller. Tout ce que je veux retenir, garder, saisir. Laisser aller. Peu à peu, par la grâce du souffle et du temps invité, je me sens plus légère. Je note et ressens au plus profond de moi l’immense soulagement lorsque une idée se délite, et disparaît à l’expiration.

Deux heures se sont écoulées. Mes chevilles me font un peu mal. Je reviens de loin. Quel paradoxe. J’ai accompli un voyage à l’intérieur de moi, et j’ai le sentiment d’être allée sur la Lune, d’avoir chevauché les nuages, d’avoir traversé l’Univers. J’ai senti mon corps devenir plus grand, une sorte d’expansion dans ma poitrine et au delà. Je me suis sentie m’ouvrir comme une fleur de lotus. Je me suis sentie une avec tout. Inédit pour moi, et le mot que j’ai envie d’associer immédiatement, sans réfléchir, est SILENCE.

Ces deux heures ont filé comme le vent. Ou le temps s’est-il arrêté ? Ces deux heures sont un trésor. Il me semble avoir vécu l’essentiel de la journée. Laisser aller, respirer. Ces mots résonnent à l’intérieur de moi comme un leitmotiv.

arbres nusJe marche maintenant sur la terre détrempée de neige fondue de la forêt de Castricum. Je fais grand bruit en pataugeant dans la gadoue. Les arbres nus et immobiles captent le soleil d’hiver par toutes leurs cellules. Hier c’était la tempête durant tout le jour, opaque, épaisse et compacte. Stoïques, les arbres se plient et résistent. Ou plutôt, ils laissent aller  eux aussi ? Mais aujourd’hui, chacun peut s’ouvrir et accueillir le tiède soleil d’hiver.

rivageJe débouche sur la plage. Le vent court, libre et sauvage. Pas d’obstacle, il peut glisser à son aise sur le long ruban de sable qui borde le pays. Laisser aller. Mes pieds foulent le sol ferme et mouillé jusqu’à la lisière des vagues ourlées d’écume. Elles roulent, se tordent en rouleaux couleur café au lait, et s’écrasent avec fracas sur le rivage.ecume De gros paquets d’écume s’amassent et tremblent comme de la gelée. De temps en temps, des flocons s’en détachent et disparaissent, emportés par le vent. Comme les pensées…


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Commentaire

Lâcher prise… — Un commentaire

  1. Ik ga me uittrekken, ik kan het slakkenhuis horen te kraken. Ik ben bijna eruit…
    I`m stretching myself, I can hear the creak of the snailshell. I am almost outside…

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