Vous avez dit grossièreté ?

C’est un bel espace ; les tables sont toutes occupées par des pintades jacassant de tout et de rien, surtout de rien. Le personnel empressé et souriant, prépare le café et le thé. Sur une table trônent des pâtisseries qui attendent en tremblant d’être englouties par ladite volaille citée plus haut. Qu’est-ce-que je fais là ?

Mon regard accroche de temps en temps ces visages grimaçant, singeant les bonnes manières ; ces lèvres maquillées pour faire bonne figure et qui avalent comme des ogres les gâteaux confectionnés la veille  par des mains expertes et professionnelles. Mes oreilles essaient de s’intéresser en vain à ces conversations creuses où l’argent tient le premier rôle.

Je sais où la grossièreté se tapit. Elle se cache bien au chaud au plus près de ces lingeries fines et hors de prix portées par ces dames, et jaillit à la première occasion.

Je préfère la vulgarité des « petites gens » qui parlent gras et travaillent dur, à cette grossièreté cousue de fil blanc, tricotée par des gens qui ne connaissent pas l’onglée dès le matin et la cohue des trams bondés aux heures de pointe.

A force de vaguer, mon regard se pose soudain sur une jeune femme dans l’arrière cuisine ouverte. En débardeur, elle pétrit de la pâte à pain. J’apprécie la belle ligne de ses bras nus travaillant la pâte énergiquement, et dont les muscles se dessinent finement.

L’atelier où elle officie est à 3 mètres de nous, un espace ouvert, … et personne ne la remarque. Je la regarde et je saisis soudain tout le ridicule de ces femmes mises et maquillées pour plaire et être belles.

Mais la beauté se situe ailleurs ; elle est dans cette employée au travail, qui ne se soucie pour l’heure que de la qualité de sa pâte qui doit bien lever, et qui est la plus belle de toutes, ici et maintenant.


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