J’ai toujours aimé les cuisines. Lorsque j’étais petite, c’était le lieu de toutes les gourmandises. Un endroit chaud, qui sent généralement bon.
Une table, sur laquelle on peut faire toutes sortes de choses intéressantes, satisfaire une petite faim ou soutenir un long repas en famille, dessiner, peindre, faire ses devoirs, étaler la pâte à tarte ou la pâte à sablés, bricoler diverses choses, coudre…
Un buffet où l’on range la vaisselle, avec toujours un tiroir un peu fou qui abrite un bric à brac mystérieux et indispensable.
Enfant, j’avais ma place de prédilection, une chaise calée entre le frigidaire et le radiateur. A seize heures, après la journée d’école, j’aimais m’installer là, avec un verre d’une boisson magique que je me préparais comme un rituel: une cuillère d’eau de fleur d’oranger et un morceau de sucre, avec de l’eau. Je buvais le breuvage religieusement. Maman m’avait dit que la fleur d’oranger calmait. Etant très émotive et plutôt nerveuse, je buvais la boisson tranquillement, en ayant la délicieuse impression de prendre soin de moi et de me faire du bien.
Je ne peux pas m’imaginer une cuisine sans ses bocaux. Adolescente, je courais les champs, durant les vacances chez Mamie Nau, à la recherche de toutes sortes de plantes médicinales. Je les étalais soigneusement sur des torchons un peu raides, à l’ombre, dans une salle à manger qu’on utilisait pas. Les volets étaient fermés, les fenêtres ouvertes, et ça sentait une odeur de vieille maison de campagne.
J’aime le blanc et le jaune dans une cuisine. J’aime l’idée d’un citron coupé en deux le matin au réveil, le toaster qui diffuse son odeur irrésistible de pain grillé, le lait chaud, le café…
J’aime les bols de forme un peu évasée, les bols bretons à oreilles, les sets de table, le pot à lait, les casseroles émaillées, le beurrier en porcelaine, et les cloches à fromages.
J’aime m’assoir le matin et tenir mon bol entre mes mains, tout en regardant le temps qu’il fait.
J’adore
J’ai passé un moment à observer la première photo de cuisine en me disant « mais qu’est-ce qui cloche ? », avant de comprendre ! (Pour l’anecdote, c’est le papier quadrillé que j’ai reconnu).
Et je t’image très bien, sur ta chaise entre le frigidaire et le radiateur, te remettant des émotions vécues sur la Montagne-qui-n’était-en-fait-qu’une-butte :-))