Blijburg…

portiqueC’est un endroit bizarre. La mer lèche la plage, déserte en cette saison. Il y a bien quelques chiens qui gambadent, leurs maîtres marchant en rond, la tête dans les épaules et les mains dans les poches. Avec beaucoup d’imagination (parce qu’il fait vraiment très froid), je peux entendre les cris réjouis des enfants pataugeant dans l’eau ; l’été, il règne ici une ambiance de vacances. On n’est pourtant qu’à trente minutes du centre ville.

Ijburg, nouvelle île artificielle en plein développement. Les grues jouent ici un ballet continu. Les immeubles s’étirent, s’assemblent, se serrent les uns contre les autres ou laissent passer au contraire des trottoirs larges comme des avenues. Des cours intérieures, des terrasses haut perchées, des baies vitrées adorant le dieu Soleil, des appartements traversants, et partout le vent libre et le cri des goélands. Au bout, tout au bout de ce quartier en devenir, la plage d’Ijburg.bouddha

Avant d’accueillir l’immensité, les bras ouverts et le cœur léger, il faut passer la porte. Un porche de bois, de bric et de broc. Deux grands bouddhas de résine blanche, une main en coupe et l’autre faisant le V de la victoire, sont assis sur un Algeco.

Entrons. …Plus loin sur la plage, d’autres bouddhas. Un petit autel de mosaïque dans lequel se réfugie une poupée qui a dû en voir de belles, proclame humblement « Tout est un, bienvenue à tous ». Un café se tient là, semble nous inviter gentiment. Peint en turquoise, il arbore sur ses bancs extérieurs une profusion de coussins pourpres et de lanternes…Sommes-nous en hiver ?terrasse

A l’intérieur, la musique nous happe. Une lumière orange court le long des murs, se faufile dans les photophores, grimpe au plafond, s’accroche aux poutres et s’étale en flaques sur le bois ciré des tables.

tulipeDes tulipes font les belles dans des vases à cols serrés. Derrière le bar fait de planches de palettes ornées de lettres au pochoir, la serveuse blonde et gracieuse virevolte entre percolateur et  piles de tasses. Les tournées de chocolat chaud avec leur dôme de chantilly blanche et crémeuse se multiplient et s’additionnent. Il fait froid dehors.

Des chocolats de chez Puccini agrémentent notre thé.  Au dessus de nous sur l’étagère, un ourson lorgne ces gourmandises de ces petits yeux noirs en éclats de charbon. Il a bon goût le bougre !ourson

Quelques mots échangés,  petites phrases sans conséquences, l’heure n’est pas aux grandes idées philosophiques, aux pensées profondes ou aux considérations politiques. On jouit du plaisir animal de se sentir au chaud après avoir bravé la lame froide de l’hiver, arque boutées sur nos petits vélos, du bonheur inusable et inaltérable des vieilles amitiés, les  mains en conque autour de nos verres de thé et le regard complice.


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